L’animisme qui est pratiqué en Afrique, en Amérique chez les Amérindiens ou encore chez les aborigènes d’Australie, se définit comme « un système de relations entre le monde visible des hommes et le monde invisible régi par un Créateur, en général bienveillant, et des puissances qui, sous des noms divers et tout en étant des manifestations de ce Dieu unique, sont spécialisées dans des fonctions de toutes sortes », selon l’ethnologue Français Marcel Griaule. On rencontre ainsi dans ces religions traditionnelles des pratiques visant à invoquer la médiation des puissances intermédiaires (ancêtres, génies, esprits) pour satisfaire des besoins sociaux et accomplir des fonctions précises dans la communauté telles que la préservation de l’équilibre social ou de l’ordre social. Dans les religions Africaines en général, la distinction entre le sacré et le profane, entre le religieux et le séculier, s’estompe car les ancêtres et les morts participent à la réussite ou à l’échec des entreprises humaines. On trouve des rites articulés autour de représentations matérielles (idoles ou fétiches) qui s’expriment par des offrandes, des sacrifices ou par la prière et qui sont destinées à invoquer des forces surnaturelles ou spirituelles.
Les cérémonies, dans les religions traditionnelles, sont l’occasion où l’on entre en contact avec les esprits du monde invisible. Elles prennent place à des moments particuliers de la vie de la communauté. Certaines reviennent à intervalles réguliers ; les divinités ou les ancêtres par exemple, sont invoqués typiquement un jour donné dans l’année. D’autres rites interviennent à des moments clés des cycles agricoles, au début de la saison des pluies par exemple, où la cérémonie vise à obtenir de bonnes pluies et de bonnes récoltes. Les autres moments typiques des cérémonies sont ceux rythmant la vie humaine, notamment lorsqu’on attribue un nom au nouveau-né, les rites de passages (rites pubertaires d’initiation ou de passage à l’âge adulte pour les jeunes garçons), les rites matrimoniaux, ceux liés aux funérailles ou au passage de certains morts au statut d’ancêtres. Les cérémonies sont souvent l’occasion de libations, de sacrifices animaux, et elles s’accompagnent parfois d’une période de tabous alimentaires ou comportementaux. De nombreux rituels impliquent une participation communautaire mais certains restent spécifiques aux élites dont le statut, les compétences et l’autorité leur permettent d’interagir de manière sûre et bénéfique avec les pouvoirs sacrés et les esprits du monde invisible.
Dans la plupart des religions traditionnelles, on affirme l’existence d’un Dieu suprême qu’on appelle Ngai (signifiant Ciel, chez les Masai du Kenya), les Wè et les Bété de Cote d’Ivoire l’appellent respectivement Gnonsoa (ou « l’Ancien ») et Lago (signifiant Ciel), Roog Sen chez les Sérères du Sénégal, Amma chez les Dogons du Mali, Maa Ngala chez les Mandingues, Nzambi a Mpungu chez les Kongo ou encore Gueno chez les Peuls. Ce Dieu suprême existe avec des divinités secondaires qui servent d’intermédiaires et sont invoquées par les vivants pour accéder au Dieu suprême.
Des récits cosmogoniques racontent souvent que ce Dieu suprême qui a créé l’univers vivait parmi les hommes mais un jour il s’est éloigné d’eux du fait de leurs fautes, en particulier celle d’une femme, selon certains récits. A partir de ce moment, il n’existait plus de relation ou communication directe entre Dieu et les hommes. Ainsi, pour l’atteindre, il fallait dorénavant passer par des intermédiaires que sont les esprits, les génies, les fétiches, les masques ou les ancêtres. Le culte des ancêtres, élément-clé de la plupart des religions traditionnelles, n’est pas simplement un culte des morts, consistant à honorer les défunts, mais il postule que les morts exercent une véritable emprise sur les vivants. Le monde des ancêtres est peuplé par les esprits des morts, mais on ne rejoint le monde des ancêtres que dans certaines conditions particulières, notamment de qualités morales et exceptionnelles et du fait de son âge durant son vivant.
La divination et la magie sont également une composante importante des religions traditionnelles, car elles permettent d’accéder aux esprits et à leurs savoirs pour guérir des maladies, pour gouverner la société ou pour maintenir l’équilibre social de la communauté. C’est ainsi qu’entrer en contact avec les esprits renvoie à des pratiques magiques ou mystiques mais aussi suppose la possession et l’utilisation d’un pouvoir, obtenu en général grâce à une initiation. Les devins et les guérisseurs ont tendance à utiliser leur pouvoir de façon positive, tandis que les sorciers l’utilisent de façon maléfique ou négative. Les maladies sont souvent perçues comme une intervention directe des divinités ou des êtres spirituels malveillants et le recours aux guérisseurs, charlatans et devins permettant d’y faire face. Ces pratiques mystiques et magiques sont encore très répandues dans la plupart des cultures qui pratiquent ces religions traditionnelles. L’imbrication du social et du religieux fait qu’il est parfois difficile de distinguer les pratiques culturelles du rite religieux.
Dans ce ministère de discernement spirituel, nous prendrons soin de montrer ce qui distingue le Christianisme de l’Animisme pour éclairer les lecteurs et internautes sur les doctrines fondamentales du salut, de l’au-delà, de l’origine du mal, de l’existence de Dieu, de l’origine de l’univers et de la nature de Dieu.